TITE MIOU dite La fille du Prince Loon le chat sauvage

Laissez moi vous raconter une histoire aujourd'hui, c'est celle du Prince Loon et de ses filles Tite Miou et Lilas. Prince Loon était un chartreux errant, qui s'était fixé dans la ville de Lescar, dans le jardin d'une maison inoccupée. Il apparaissait, puis disparaissait de long mois, mais finissait toujours par revenir.

Un jour, la personne que nous appellerons Coco qui nourrissait ces chats errants (car ils étaient plusieurs) me demanda de la remplacer pendant ses vacances, qui dureraient deux semaines.

Il y avait là :

- Félix (en réalité une femelle), qui avait le corps couvert de croutes ensanglantées, et ce, depuis des années tous les étés. Elle était la seule à se laisser caresser, mais Coco n'avait jamais eu l'idée de l'emmener chez le véto (elle est dans la PA!). Elle a finit par le faire sur mon insistance, devant l'ampleur de la douleur de la petite, deux injections ont suffit vu qu'elle ne faisait qu'une allergie aux puces ! Puis, elle consentit après moultes discutions à la prendre chez elle, où j'espère qu'elle est encore.

- Samia, superbe chatte aux poils longs, certainement croisée siamoise, approchable d'assez près mais qui restait trés sauvage.

- Giorgio, un gros matou tigré roux et blanc trés gentil mais inapprochable.

 - et mon Prince Loon et ses deux filles Tite Miou et Lilas.

Prince Loon était trés trés maigre, un de ses orbites était vide mais propre, il ne se laissait jamais approcher et ses filles non plus, elles avaient alors 5 mois. J'avais rencontré Tite Miou chez le véto, enfermée dans une cage trappe; une asso avait décidé de la faire stériliser et de la relacher à nouveau après l'opération. Chose qui avait été faite (je la trouvais bien jeune pour être stérilisée).

Personne ne savait d'où IL venait, il chassait les autres chats , mais était trés calin avec ses deux petites qui restaient toujours près de lui. On ne l'avait jamais caressé, alors que Coco le connaissait depuis 3 ans ! J'étais effarée du peu de cas, qu'en fait, on faisait de leur état physique, surtout de celui de Prince Loon qui avait vraiment l'air trés malade. C'était en août 2012 et il faisait trés chaud dans la région de Pau !

J'ai commencé à aller leur rendre visite 2 fois par jour, et quand je passais devant la maison, je m'arrêtais aussi. Je leur ai donné des noms car ils n'en avaient pas, je les appelais tout le temps, je restais assise près de la gamelle de croquettes, je leur parlais, ils restaient assis à deux mètres, ou se couchaient et me regardaient. Ils se sont habitués à moi trés vite et j'ai pu caresser Prince Loon au bout de moins d'une semaine ! Et on m'avait dit qu'il était TRES sauvage et bagarreur.

Je ne comprenais pas sa façon de manger, il enfonçait sa tête dans les croquettes et je ne le voyais pas les manger; j'ai pensé qu'il avait un problème aux dents : abcés, dents cassées ou absentes. J'ai donc décidé de lui amener de la nourriture différente : des légumes cuits moulinés, des petites pâtes et de la viande de poulet haché. Il aspirait la patée, et comme ça n'allait pas assez vite à son goût (il s'énervait), je lui rabattais la soupe trés épaisse vers la bouche à l'aide d'une cuillère. Il était trés trés gentil, calin, il mettait sa tête sous ma bouche pour que je l'embrasse, il adorait les bisous. Il commençait à grossir, car il mangeait ENFIN à sa faim deux fois par jour, et je l'avais vermifugé aussi. Son pauvre corps couvert de plaies de bagarres commençait à se remplumer, et il accourrait quand il me voyait. Ses petites toujours derrière lui, il les gardait toujours à portée de vue de son unique oeil.

Pendant deux semaines, je les ai apprivoisé, nourri, caliné; c'était des moments trés intenses pour moi et pour Loon.

J'ai décidé de les emmener chez moi pour pouvoir les surveiller et les soigner. Le jour dit, je savais que Loon se laisserait prendre et mettre dans la cage de transport; MAIS pas ses petites. J'ai donc emprunter la cage trappe de ma véto.

LOON AVAIT DISPARU, il était là le jours d'avant, mais n'avait pas réapparu ! Ses petites étaient perdues sans lui et tournaient en rond ...

Pendant 5 jours, j'y suis allée 5 à 6 fois par jour, je l'appelais, ils étaient tous là sauf lui, j'ai fait tout le quartier à pied, je l'ai cherché partout.

Et il a réapparu, c'est Coco qui me l'apprit par téléphone ! Ma fille et moi avons courru comme des folles là-bas avec de la pâtée : il est arrivé en courant et s'est frotté à nous en ronronnant. Nous étions si heureuse de le voir ! Ma fille était derrière lui, elle a poussé un cri : Maman, regarde ses fesses !!! Je l'ai tourné du bon côté, et je me suis aperçu que ses testicules tenaient grâce à un lambeau de peau, des vers gros comme l'ongle de mon auriculaire sortaient d'une plaie béante. Je l'ai immédiatement emmené chez ma véto qui l'a opéré de suite. J'ai assisté à l'opération et là j'ai appris TOUTE L'HORREUR DE LA VIE DE MON CHER PRINCE : une vie de douleurs avec un grand 'S'...

Machoire fracturée qui s'était ressoudée sans soin, elle était restée bloquée, il ne pouvait quasiment pas ouvrir la bouche; c'est pourquoi il mangeait de façon si étrange, il aspirait les croquettes sans les macher... Maux d'estomac et jamais rassasié pour mon Loon, il ne pouvait même pas chasser les rongeurs.

Fémur brisé, c'est pourquoi il avait une démarche chaloupée, et qu'une de ces pattes était plus courte que l'autre. Sans soin bien entendu.

Orbite vide, l'oeil avait dû sécher et tomber, bagarre ou malveillance, nous ne le saurons jamais. Et positif FIV ...

Mon Loon est mort à la fin de l'opération, son coeur n'a pas tenu le coup, il s'est arrêté, on n'avait même pas pu l'intuber, car on ne pouvait écarter sa machoire. Ses filles sont arrivées chez moi, terrorrisées; Lilas s'est enfuie à la première occasion et Tite Miou est restée. Elle est le seul souvenir qui me reste de mon Loon que je n'oublierai jamais. Quand je pense qu'on aurait pu faire quelque chose pour lui bien avant, la rage m'envahit. Sa dernière blessure est de la malveillance, c'était tranché net avec une lame, quelqu'un s'est amusé à le castrer juste comme ça. J'espère que cette personne mourra dans d'atroces souffrances et seul !

Je vous présente Tite Miou la petite chérie qu'il protègeait jour après jour. Elle reste craintive à l'extérieur (même nous, ne pouvons la toucher) mais à la maison, elle vient chercher des bisous, met sa tête sous notre bouche, tout comme son père.



Une triste histoire qui aurait pu mieux finir si la personne qui les nourrissait avait vraiment fait le nécessaire pour Loon, et si personne ne s'était attaqué à mon bonhomme.

Il serait là avec moi !

Je t'aime mon Prince, un jour on se retrouvera !